Les guitares Gibson Les Paul Standard fabriquées par Gibson entre 1958 et la fin de 1960 représentent le summum de l’artisanat américain de la guitare électrique et sont les guitares vintage les plus collectionnées du marché. Il s’agit des fameuses “Sunburst” ou “Burst”.
Découvrons l’histoire croisée d’une marque d’instruments qui deviendra légendaire et la raison de sa légende : Les Paul.
NOUVEAU !
L’atelier Favier Guitars fabrique un modèle de Les Paul dont des replicas des Standard ’59
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La première Les Paul : “The Log” – 1941
Lester William Polsfuss est né en 1915 mais en 1938, il change son nom pour Les Paul, mieux adapté au showbiz car il est à la tête d’un trio qui passe à la radio aux heures de grande écoute.
Il est passé de la guitare acoustique à diverses guitares électriques Gibson à corps creux (ou semi-acoustiques, Hollow-body Electric) mais il cherchait autre chose, quelque chose de plus qu’aucune firme ne construisait à cette époque.
” J’avais essayé de fabriquer une guitare avec du sustain et qui reproduisait le son de la corde sans rien ajouter. Pas de distorsion, pas de changement dans la réponse par rapport à ce que faisait la corde. Je voulais que la corde fasse ce qu’elle fait. Pas de vibration de la table d’harmonie, pas d’amélioration supplémentaire, avantageuse ou désavantageuse. Je voulais m’assurer qu’elle vous donnait simplement la corde au fur et à mesure que la corde était excitée : vous avez pincé la corde, et c’est ce que vous avez obtenu. C’était mon idée au début des années 30.”
– Les Paul
Les Paul connaissait des gens à l’usine Epiphone et de 1939 à 1941, il s’y rendit le dimanche pour y travailler seul sur un instrument expérimental. C’est là qu’il a construit sa fameuse “Bûche” (“The Log”). Ainsi nommée en raison du morceau de pin massif au centre de l’instrument, agrémenté de micros.
“The Log” (la Bûche) — le prototype original de Les Paul
Du “Log” à la Gibson Les Paul Goldtop – 1952
Gibson était dans les années 40 le plus grand fabricant de guitare au monde, ce qui a amené Les Paul à regarder dans leur direction, espérant qu’ils produiraient sa guitare à corps plein. Gibson a été fondé à Kalamazoo, dans le Michigan, en 1902. C’était une firme très prospère et, dans les années 20 et 30, les guitares ont pris une place de plus en plus importante sur le marché. Gibson y a donc répondu en sortant de nombreux nouveaux modèles dont beaucoup ont d’ailleurs été joués par Les Paul, par exemple la Gibson L5.
En 1944, la Compagnie d’Instruments de Musique de Chicago (CMI) a acheté une participation majoritaire dans Gibson et une partie de l’accord signé par le président de CMI, Maurice H. Berlin, était de déplacer les bureaux administratifs de Gibson à Chicago où il a pu mieux superviser leurs opérations.
C’est vers 1946 que le jeune Les Paul a pu organiser une réunion avec Berlin pour présenter son idée de guitare à corps plein. Selon les témoignages disponibles, Les a été écouté poliment mais a été traité comme si tout cela était une sorte de plaisanterie. Ils se sont doucement moqués de cette guitare en des termes peu flatteurs.
J’ai approché Gibson en 1946. Ils ont ri à l’idée, ils m’ont appelé le gamin au balai avec les micros dessus.
– Les Paul
Dans les années qui suivirent, Les Paul devint célèbre. Parallèlement, il commença à expérimenter différentes idées d’enregistrement, dont la première installation multi-piste dans son garage – devenu home studio – à Hollywood, en Californie. En utilisant deux magnétophones fonctionnant ensemble, il a commencé à faire des parties de guitare superposées en accélérant la bande. Il peut créer des parties de guitare rapides et aigües qui ne pourraient pas être créées avec une guitare seule. Nous considérons maintenant cela comme acquis mais à l’époque, personne n’avait encore jamais proposé un enregistrement multi-piste.
À la fin de 1949, Les ajoute Mary Ford à son show et à sa vie, en l’épousant en décembre. Après un certain nombre d’enregistrements dans le top 30, Les Paul et Mary Ford ont finalement eu leur premier succès avec un enregistrement de “How high the moon” en avril 1951.
Écouter “How High the Moon” par Les Paul et Mary Ford
Le duo apparaît dans des émissions de télévision, a même sa propre émission de radio et finalement sa propre émission de télévision de 1953 à 55, qui est diffusée depuis leur nouvelle maison somptueuse à Mahwah, dans le New Jersey.
Bien sûr, à cette époque, d’autres personnes – notamment Paul Bigsby et Leo Fender en Californie – exploraient également des idées autour de la guitare électrique à corps plein. Les guitares à corps plein (Solid body) étaient attrayantes car elles permettaient de résoudre le problème de l’effet Larsen obtenu en apposant des micros sur les guitares à corps creux (Hollow body), tout en étant beaucoup moins coûteuses à fabriquer. Les guitares à corps plein avaient également l’avantage de capturer de façon soutenue (le “sustain“) et précise toutes les variations de la corde, exactement ce qui intéressait Les Paul. Le succès de Fender avec les guitares Esquire et Broadcaster en 1950 coïncide avec la nomination de Ted McCarty comme président de Gibson.
Comme beaucoup de fabricants, Gibson avait cessé de fabriquer la plupart de ses instruments pendant la Seconde Guerre mondiale et Maurice Berlin avait nommé McCarty dans l’espoir de remettre la société sur pied. Aujourd’hui, il existe deux versions de l’histoire du prototype Les Paul : celle racontée par Ted McCarty et celle racontée par Les Paul lui-même. Selon McCarty, voyant le succès des guitares Fender, il a réuni une équipe d’ingénieurs de haut niveau chez Gibson – dont lui-même – pour commencer à apprendre à fabriquer une guitare à corps plein. Ils se sont rendus compte que la fabrication d’une telle guitare présentait des défis uniques, différents de ceux des guitares à corps creux qu’ils avaient fabriquées jusqu’alors.
Nous démarrions dans les guitares à corps plein et nous avions beaucoup à apprendre. Par exemple, plus le matériau est rigide, plus le bois est dur, plus le son est aigu et plus le sustain est long. En frappant la corde, le son résonnait pendant une longue période. Cela pouvait être trop long. Nous avons notamment pris un morceau de rail de chemin de fer, nous y avons mis un chevalet, un des micros et un cordier, et nous l’avons testé. Vous pouviez frapper cette corde, faire une promenade, revenir, et ça sonnait encore. Parce que ce qui l’atténue, c’est le bois.
Nous avons fabriqué une guitare en érable massif. Ce n’était pas bon. Trop stridente, trop de sustain. Et on en a fait une en acajou. Trop “soft”. Alors on a fini par trouver une table en érable et un fond en acajou, on en a fait un sandwich et on les a collés ensemble.
– Ted McCarty
McCarty a dit qu’ils avaient passé environ un an à travailler sur leur prototype et qu’ils étaient raisonnablement satisfaits de tout, sauf de la quantité de sustain qu’ils étaient capables d’obtenir. Il ajouta : “Nous pensions que nous avions notre guitare et maintenant nous avons besoin d’une excuse pour la fabriquer. J’en suis venu à penser que Les Paul et Mary Ford étaient en haut de l’affiche. Ils étaient probablement le duo vocal numéro un aux États-Unis. Ils gagnaient un million de dollars par an et connaissant Les et Mary, j’ai décidé qu’il fallait peut-être que je leur montre cette guitare”.
Les s’en souvient différemment : il dit que Gibson l’a contacté au début de 1951, disant que Maurice Berlin avait dit à la direction de la Gibson de “prendre contact avec l’étrange gars à la guitare en forme de bûche, ce gars au manche à balai avec les micros dessus. Ils sont venus tout de suite dès qu’ils ont entendu ce que Fender faisait et j’ai dit, eh bien, vous êtes un peu en retard mais bon, allons-y. J’ai dit qu’une réunion avait été organisée à Chicago avec d’autres personnes et des avocats de Berlin et qu’un accord avait été conclu. Ils ont mis au point les détails du nouveau concept de guitare, puis la recherche et le développement ont commencé sérieusement.”
Dans les deux cas, une fois qu’ils ont eu un prototype en main, une réunion a été organisée dans un pavillon de chasse près de Stroudsburg, en Pennsylvanie, à la fin de l’année 51 ou au début de l’année 52. Les et Mary étaient là pour enregistrer dans le calme et l’isolement d’un cadre boisé. McCarty et son équipe ont apporté le premier prototype pour le montrer à Les. Ce dernier se souvient également que c’était la première fois qu’il manipulait le prototype. Ni McCarty ni Les ne pouvaient s’en souvenir avec certitude, mais ils pensaient que le prototype apporté à cette réunion était très similaire au premier modèle de production, sauf qu’il pouvait avoir un cordier Gibson traditionnel et un chevalet séparé. Avant de partir, ils ont élaboré un contrat d’exclusivité pour Les et Mary afin de cautionner la nouvelle guitare. S’ils étaient vus en public en train de jouer d’une autre guitare, ils perdraient tout l’argent et c’est ainsi que le modèle Gibson Les Paul est né. Les guitares ont été expédiées au fabriquant de housses en avril et à Les Paul à la fin mai. Les revendeurs ont commencé à recevoir des guitares dès le mois de juin.
La première Gibson Les Paul “Goldtop” sortie en 1952
Les débuts délicats de la guitare Les Paul – 1952/53
En 1952, le salon d’été du NAMM se tient à New York et la sortie officielle de la guitare est fixée. Gibson organise un clinic pré-NAMM à l’hotel Waldorf Astoria, tout près de là. Puisque les musiciens professionnels n’étaient pas autorisés à assister au NAMM – seuls les revendeurs y étaient conviés -, l’idée était de leur montrer les derniers instruments de Gibson et surtout le nouveau “modèle Les Paul, guitare électronique”. Le nouvel amplificateur Les Paul GA 40 a également été dévoilé à cette occasion. De fameux hôtes ont été amenés à voir la guitare comme Tiger Hanes ou George Barnes. La guitare combine un corps en acajou massif, assemblé avec une table en érable sculpté. Le bois d’acajou plus sombre de la caisse en érable donnait à la guitare des tons profonds mais aussi un bord brillant respectivement. La plupart des autres caractéristiques du nouveau modèle Les Paul se retrouvaient sur d’autres guitares Gibson de l’époque. Les modèles L5 CES et Super 400 CES étaient équipés de deux micros P-90 à simple bobinage, de deux commandes de volume et de deux commandes de tonalité.
Le [fusion_tooltip title=”Une guitare single cut est un anglicisme qui décrit une guitare avec un seul pan coupé. Il s’agit d’une découpe du corps pour faciliter l’accès aux notes les plus hautes du manche sur une guitare électrique dont le plus célèbre exemple est la Gibson Les Paul” placement=”top” trigger=”hover” class=”” id=””]Single cut[/fusion_tooltip] (échancrure simple) et le manche collé en acajou étaient des caractéristiques de longue date chez Gibson. Les incrustations de la touche et de la tête étaient apparues sur un modèle ES 150 en 1950 – ES pour “Electric Spanish et “150” pour le prix à l’époque, 150$ ! Les longueurs d’échelle de 24 pouces 3/4 avaient également été utilisées sur un certain nombre de guitares acoustiques Gibson.
McCarty se souvient qu’ils ont décidé de faire une guitare à table sculptée parce qu’ils savaient que l’usine Fender n’avait pas d’équipement de sculpture dans l’atelier en Californie et produisaient des instruments plats. Ce qui montre qu’ils avaient conscience chez Gibson de la nouvelle concurrence des Fender à corps plein. Gibson avait fabriqué une guitare spéciale pour Les afin de la présenter à un patient en phase terminale qu’il avait rencontré lors d’une visite à l’hôpital. C’est probablement ce qui a inspiré la nouvelle palette de couleurs de la table d’or de la première Les Paul. La finition dorée iconique a été créée en mélangeant de la poudre de bronze avec une laque transparente à la nitrocellulose.
Mais il y eut des erreurs de faites sur les premières unités au niveau du cordier et de l’angle du manche. Le manche avait été conçu avec un angle trop faible. Cela signifiait que les cordes étaient presque à plat sur le corps et que Gibson ne pouvait pas utiliser ses pièces standard. En réponse à ce problème, Gibson a dû utiliser le trapèze contrairement à la façon dont il avait été conçu. Au lieu d’enrouler les cordes sur le dessus, où elles auraient rendu le jeu trop haut, il a fallu les enrouler en dessous. Et il n’était pas possible d’étouffer les cordes avec la paume de la main. Incroyable, il y a peut-être eu un bon millier de guitares construites de cette façon avant que le problème ne soit corrigé. Les a immédiatement fait remarquer à Gibson que c’était pas du boulot !
Le cordier inversé sur les premières Gibson Les Paul Goldtop, avec les cordes en dessous.
En 1953, Gibson est passé du cordier en trapèze à un nouveau système de cordier et chevalet combinés en une barre unique spécialement conçu : la barre d’arrêt (Stoptail bridge). Celle-ci était montée sur le haut du corps à l’aide de deux goujons réglables en hauteur. L’appareil a fait son travail en améliorant l’intonation, le réglage et le maintien. L’angle du manche a également été corrigé. En bref, elle est devenu un instrument beaucoup plus facile à jouer et plus satisfaisant. La guitare a été un succès et, pour mettre cela en perspective, les chiffres de vente de Gibson pour cette année-là montrent qu’ils ont expédié 1278 Gibson ES 175 mais 2245 Les Paul. Suite au succès des nouvelles guitares, Gibson a lancé deux nouveaux modèles Les Paul : la Custom et la Junior en 1954.
La nouvelle mouture de la barre d’arrêt de la Gibson Les Paul Goldtop originale
Un succès et de nouvelles versions pour la
Gibson Les Paul – 1954/55
La Gibson Les Paul Custom était équipée d’une touche en ébène, d’un accastillage plaqué or, d’une fileterie de tour de caisse composite (multi-ply binding et purfling) et d’une couleur noire. C’était une guitare plus chère que la Goldtop. Les Paul aurait choisi cette couleur parce qu’elle faisait contraste avec sa main lorsqu’il jouait d’une guitare noire sur scène, vêtu d’un smoking. Contrairement à la Goldtop, la Custom était une guitare entièrement en acajou. Une couleur que Les préférait car elle donnait à la guitare un son plus doux. La Custom a été présentée comme la merveille sans frettes (“Fretless Wonder “), en raison de l’utilisation d’un fil de frettes plat et bas, différent de celui utilisé sur la Goldtop.
La Custom avait également un nouveau micro en position de manche, qu’on a surnommé “Alnico”, basé sur le mélange d’Aluminium/Nickel/Cobalt et d’alliage de Fer utilisé dans les pièces polaires magnétiques. Le micro a été conçu par Seth Lover, qui était retourné chez Gibson après avoir travaillé pour la Marine pendant la guerre. Il a été chargé de créer un micro plus puissant que le Gibson P-90 et s’est tourné vers des aimants rectangulaires, simplement parce qu’ils étaient différents de tous les autres à l’époque. Ces aimants à agrafes laissaient également plus de place pour installer des vis permettant d’ajuster la hauteur de micro entre les aimants. Ce type de micro n’a jamais vraiment marché et Seth Lover a blâmé les guitaristes, qui devaient régler le micro trop haut, ce qui étouffait trop les vibrations des cordes.
Le micro manche “Alnico” pour la première fois sur la Gibson Les Paul Custom de 1954. On y distingue le système de vis entre les aimants pour les régler en hauteur, mais aussi le nouveau chevalet Tune-O-Matic
La Custom a également apporté avec elle le nouveau chevalet ABR-1, plus connu désormais sour le nom “Tune-O-Matic” utilisé avec un cordier “Stopbar” séparé. Breveté par McCarty, le nouveau chevalet a été le premier à offrir un réglage d’intonation individuel pour chaque corde. En 1955, le nouveau chevalet se retrouve également dans sur la table d’harmonie de la Goldtop.
À l’autre bout de la gamme, la Junior était destinée aux débutants. Il s’agissait simplement d’un modèle Les Paul de fabrication plus économique. Bien que son contour soit le même, la Junior avait une table plate et une caisse en acajou massif. Elle était équipée d’un seul micro P-90, d’un seul réglage de volume et de tonalité. Des marqueurs de points ornaient une touche en palissandre sans fileterie. Elle a une finition traditionnelle Gibson jaune à brun Sunburst et le cordier de la barre d’arrêt. Le catalogue des prix de 1954 indiquait que la Custom était à 325 $, la Goldtop à 225 $ et la Junior à seulement 99 $.
La Gibson Les Paul Junior à sa sortie en 1954
L’année 1955 voit l’introduction de la Les Paul TV. Il s’agit essentiellement d’une Junior avec une nouvelle finition qui est diversement appelée naturelle, chêne chaulé et acajou chaulé. Il existe de nombreuses théories sur l’origine du nom de la TV. Aucune d’entre elles n’a beaucoup de preuves directes. Mais celle qui est la plus entendue est que la finition a été conçue pour se démarquer dans les émissions de télévision en noir et blanc de l’époque. Le problème avec cette théorie est que si vous étiez assez grand pour être à la télévision, vous auriez probablement joué sur une Goldtop ou même la nouvelle Custom, entièrement noire. Mais il est également possible qu’il s’agissait simplement d’essayer de capitaliser sur l’émission de télévision de Les Paul et Mary Ford, bien en vogue à l’époque.
La Gibson Les Paul TV introduite en 1955
Enfin, le dernier membre de la famille Les Paul, la Special, a également été introduit en 1955. Il s’agit en fait d’une version de la Junior à deux micros, avec une nouvelle finition de style TV. La guitare figure dans le catalogue de 1955, au prix de 182 dollars et 50 cents. L’année suivante, Gibson a sorti une version 3/4 de la guitare avec un diapason 2 pouces plus cours à 22 pouces et 3/4. Destinée pour “les jeunes ou les adultes avec de petites mains et de petits doigts”, selon le catalogue de l’époque.
Gibson Les Paul Special de 1955
L’arrivée des Humbuckers et le mariage parfait avec les Gibson Les Paul – 1957
De retour au laboratoire d’électronique de Gibson, Seth Lover a été chargé de trouver un moyen de réduire le “bourdonnement” des micros P-90. Il s’est mis à penser à la bobine d’arrêt que l’on trouve dans les amplificateurs, qui permet d’éliminer le bourdonnement provenant du transformateur de puissance.
Lover s’est souvenu : “Je me suis dit que si on pouvait faire des bobines d’arrêt à humbucker, pourquoi ne pas faire des micros à humbucker”. Il a commencé à construire des prototypes suite à cette première idée. Le nom humbucking vient de la capacité des micros à annuler (buck) le bourdonnement (hum) d’un micro à simple bobinage. En termes simples, un micro humbucker utilise des bobines de polarité magnétique opposée, câblées ensemble de manière à être déphasées électriquement. Le résultat est l’annulation du “hum“, ce qui donne un son merveilleusement clair et sans obstruction.
Un Humbucker et ses deux bobines
Le humbucker ne fait pas qu’annuler le bourdonnement, il a aussi donné un son complètement nouveau. Lover a ajouté un couvercle métallique pour réduire davantage les interférences de l’éclairage fluorescent entre autres. Gibson envisageait d’utiliser de l’acier inoxydable pour cela, mais ils ne pouvaient pas le souder, alors ils se sont contentés d’argent allemand – un alliage de nickel, cuivre et de zinc, pour sa grande résistance. Les prototypes originaux n’avaient pas de vis ajustables, mais les gars du service de vente l’ont demandé parce que cela leur donnerait quelque chose dont ils pourraient parler aux revendeurs. Ils ont donc été ajoutés avant d’entrer en production. Et finalement, Lover a décidé de monter le micro de façon à ce que les vis du micro “manche” soient les plus proches de la touche, et que les vis du micro “chevalet” soient les plus proches du chevalet. Lover admettra plus tard qu’il a fait ce choix dans un but purement décoratif.
Humbucker et son couvercle en argent allemand (gauche) et position des humbuckers sur une Les Paul (droite)
Gibson a commencé à utiliser les nouveaux micros au début de 1957, en remplacement des P-90 des modèles Goldtop et Custom. La Custom, a été équipée de trois micros de ce type. Bien sûr, ces premiers micros humbucker sont aujourd’hui très appréciés et recherchés, désignés par le terme “Patent Applied For” ou “PAF”, indiqué par un petit autocollant au dos de chaque micro. Le design de Lover n’était pas le premier design de micro humbucker, et il est devenu difficile, pendant la procédure de demande de brevet, de clarifier le caractère unique de son design. Lover a déposé une demande de brevet en juin 1955. Et il n’a été accordé qu’en juillet 1959. On pourrait supposer que la période “PAF” seraient alors terminée, mais en fait, les autocollants ont été ajoutés aux microphones jusqu’en 1962, des années après la délivrance du brevet.
On pense que Gibson a fait cela pour qu’il soit plus difficile pour ses concurrents de retrouver le nouveau brevet dans les dossiers de l’Office des Brevets et d’utiliser les informations s’y trouvant pour créer leurs propres versions de micros. Ils ont donc continué à utiliser les autocollants pour laisser entendre que le brevet était toujours en cours d’étude. Gibson a traîné les pieds pour apposer l’autocollant du brevet à l’arrière des micros et ce jusqu’en 1962. Même lorsqu’ils ont commencé à mettre l’autocollant de brevet, c’était pour un brevet de chevalet qu’ils détenaient déjà. Diverses tentatives pour rendre difficile la recherche des dessins officiels pour les concurrents ? Fort possible !
Humbucker PAF entre 1955 et 1962 (à gauche) et la version avec le numéro du brevet après 1962 (à droite)
Malgré la foi presque magique avec laquelle les PAF sont considérés, Lover était catégorique sur le fait que les versions ultérieures sont essentiellement les mêmes. La seule différence étant que sur les versions plaquées or, elles perdent un peu de leurs aigus à cause du placage supplémentaire sur les couvercles métalliques, car l’or est un très bon conducteur électrique.
Le nouveau design des Gibson Les Paul Junior DC (Double Cut) – 1958
Les ventes de la Les Paul ont atteint leur sommet en 1956 et 57, la Junior étant de loin la plus vendue avec 3129 unités en 1956. Malgré l’intérêt croissant pour les guitares à corps plein, elles étaient encore de loin minoritaires sur le marché. Et les guitaristes tardaient à les adopter. Pourtant, les nouvelles guitares Goldtop, très voyantes, étaient très appréciées sur scène et à la télévision. Muddy Waters, Guitar Slim, Freddie King, John Lee Hooker et la star du rockabilly Carl Perkins étaient tous vus jouant avec des Goldtop dans les années 50.
L’année 1958 a été marquée par de grands changements dans tous les domaines. Les modèles Junior, Junior 3/4 et TV ont été remplacés par un modèle à double échancrure (Double Cutaway). Une nouvelle finition rouge cerise (Cherry) a été ajoutée à la gamme Junior. Gibson a modifié la finition de la TV, qu’ils ont appelée “Crème” en la faisant passer à une teinte plus jaune. La version double micros, la Special, a été proposé à la fois dans la finition “Crème” et le nouveau rouge cerise.
Les double cut de 1958 avec la Les Paul Junior Cherry (gauche) et TV Special Cream (milieu) ainsi que la Les Paul Special Cherry (droite)
Les années Gibson Les Paul Standard Sunburst – 1958/60
Nous savons que le premier modèle Standard ou Burst a été expédié de l’usine Gibson le 28 mai 1958. Ils étaient prêts pour l’émission du NAMM de cet été-là à Chicago. Les ventes du modèle haut de gamme Goldtop avaient commencé à diminuer. Alors, pour tenter de stimuler le marché, Gibson a opté pour une nouvelle finition “Cherry Sunburst” pour toutes les guitares. Ce nouveau look n’a duré que jusqu’en 1960. Ces années et les guitares constituent “The Burst”, qui sont considérés comme le sommet de la construction des Les Paul et sont aujourd’hui si sauvagement collectionnées.
Une page du catalogue d’époque présentant le modèle Standard (gauche) ainsi qu’une table de Gibson Les Paul Standard Sunburst, typique du look des années 1958-60 (droite)
Contrairement à l’époque où elle était recouverte d’or opaque, la nouvelle finition permettait de distinguer les traits de l’érable utilisé sur les tables d’harmonie en érable. Les luthiers de Gibson ont dû s’efforcer de faire correspondre les deux faces de la table en érable. C’est ce qu’on appelle l’appariement en livre ouvert, ou papillon, etc…, car on coupe au centre d’une pièce de bois et on l’ouvre comme un livre pour que le grain soit symétrique des deux côtés. Dans le passé, Gibson avait fait cela sur le dos de ses guitares “Archtop” en utilisant souvent du bois très figuré à cet effet. “Figure” est le terme utilisé pour désigner un grain plus intéressant, ondé, ou pommelé par exemple. Et certaines Sunburst des années 1958 à 60 ont ces tables très esthétiques. Ce type de figures est nommé en anglais “fiddleback”, “curly” ou “Tiger maple”. Chaque pièce de bois est unique et la profondeur de l’onde à travers la pièce de bois détermine l’aspect qu’elle aura une fois la table sculptée. Comme les Les Paul ne se vendaient pas si bien que ça, ce n’était pas une priorité pour Gibson de recevoir des pièces d’érable les plus chics. C’est pourquoi de nombreuses Burst ont des tables assez simples. Si une Burst a une table “fantaisie”, c’est plus par hasard que par dessein.
Les nouvelles Gibson Les Paul Standard Cherry Burst ont été proposées pour deux cent quarante-sept dollars et cinquante cents dans le catalogue de 1958. Les finitions d’origine des Burst ont toutes été décolorées à des degrés divers au fil du temps. Plusieurs facteurs ont influé sur la décoloration de la finition : l’exposition dans les vitrines des magasins, jouées dans des clubs enfumés ou simplement posées à la maison entre deux séances de studio. Le rouge de la finition, en particulier, s’est décoloré à des degrés divers ainsi que sur le dos et le manche des guitares. Tout cela conduit à la grande variation que l’on observe aujourd’hui dans les finitions des guitares des années 58 à 60. Toutes les Burst ont commencé en version Cherry. Mais parfois le rouge s’est éclairci et parfois il s’est assombri avec le temps, produisant ce que nous appelons aujourd’hui le fameux “Lemon burst”, “Ice tea burst” ou un “Dark burst”. Seules 1.450 Sunburst ont été construites entre 1958 et 1960. Et elles sont devenues les guitares vintage les plus chères du monde. Ironiquement, à la même époque, elles n’ont pas été un grand succès commercial. Les guitaristes n’ont commencé à les rechercher qu’à partir du milieu des années 60, en raison des micros humbucker et de la qualité de finition. Cette combinaison se révélait puissante pour le blues rock joué à un volume fort !
Des exemples des finitions Sunburst après l’usure du temps
Un dernier détail de cette époque est que les guitaristes ont commencé à retirer les couvercles des micros humbucker pour améliorer la réponse des aigus. Ce faisant, ils ont constaté que les bobines étaient parfois de couleurs différentes. Le plus souvent noires, mais parfois blanches, les bobines destinées à la construction des micros provenaient du fabricant Eastman Chemical. Ce dernier était à court de plastique noir qu’il utilisait pour fabriquer les bobines. Il a donc remplacé par du plastique blanc pendant un certain temps. Pendant toute cette période, Gibson a continué à construire des micros en utilisant des bobines blanches ou noires et blanches ou zébrées, puis en les recouvrant avec des couvercles en nickel. Les spéculations circulaient sur les combinaisons de couleurs qui étaient les meilleurs micros. Seth Lover a trouvé ce débat assez amusant et a attribué les différences de tonalité à de nombreuses variables, mais certainement pas à la couleur des bobines !
Les micros des Gibson Les Paul Standard “zébrés”
Un nouveau modèle se distingue : la Gibson SG Les Paul – 1961
Les ventes du modèle Standard avaient chutées à seulement 434 guitares en 1958. Lorsque la nouvelle finition a été introduite, il y eut une légère augmentation des ventes à 643 en 1959. Mais elles ont de nouveau chutées en 1960. Gibson avait ajouté une troisième extension à l’usine Kalamazoo et il était clair qu’ils avaient besoin de ventes d’instruments pour justifier et financer cette extension. En regardant leurs chiffres de vente, ils décidèrent qu’il était temps de revoir complètement la gamme Les Paul. Ils ont abandonné la guitare traditionnelle à simple échancrure et sont passés à un nouveau style de guitare à table plate et à double échancrure appelé SG (“Solid Guitar“). De 1961 à 63, ces guitares ont été appelées Gibson Les Paul SG et sont aujourd’hui généralement appelées SG. Le nom Les Paul a ensuite été abandonné de la SG. La raison la plus courante est que Les détestait le nouveau design. Mais c’est plutôt parce que l’accord de sponsoring de Les Paul était arrivé à terme.
La Gibson SG Les Paul Standard de 1961
De plus, Les Paul et Mary Ford étaient en instance de divorce et Les ne voulait pas signer un nouvel accord de sponsoring qui apporterait des fonds supplémentaires dans les négociations. Les dit aussi qu’il n’aimait pas le design de la nouvelle guitare. Il n’appréciait pas un certain nombre d’éléments : la forme du corps, de l’épaisseur du manche et l’articulation du manche notamment. Il respecta toutefois son contrat jusqu’au bout et fut photographié avec cette nouvelle guitare pour la promotion. Mais il jouait sur scène avec ses anciennes guitares ! Ces trois modèles, fabriqués dans la nouvelle aile de l’usine, se sont vendus à 6.000 exemplaires au total entre 61 et 63. Ces trois différentes versions sont la SG Les Paul Junior avec une finition rouge “Cherry“, la SG Les Paul Standard également rouge et la SG Les Paul Custom en blanc.
Une fois le contrat avec Les Paul expiré, il n’y eut plus de guitares estampillées “Les Paul” de 1964 à 1967. Bien sûr, la SG a contribué à des morceaux historiques dans les mains de beaucoup de monde. Eric Clapton s’est tourné vers l’utilisation d’une SG avec son groupe Cream. Pete Townshend a utilisé la SG Special et a établi le record de volume pendant un concert des Who, une SG À la main. Tommy Iommi a lui manié un modèle SG pour gaucher avec Black Sabbath. Et Angus Young, d’AC/DC, allait inspirer les générations suivantes pour la Gibson SG Les Paul. Les ventes de guitares aux États-Unis ont atteint un sommet en 1965, puis ont de nouveau chutées progressivement pendant le reste de la décennie.
Quelques grands guitaristes, une Gibson SG à la main. De gauche à droite : Eric Clapton, Peter Townshend, Angus Young et Tommy Iommi
Et les Gibson Les Paul Sunburst devinrent légendaires…
En 1965, les guitaristes de blues rock britanniques recherchent les instruments utilisés par leurs héros noirs américains. À leur tête se trouvait Eric Clapton, jouant une Burst qu’il avait acquise en mai 1965 alors qu’il jouait avec John Mayall & the Bluesbreakers. Il a été inspiré par la pochette de l’album de Freddie King “Let’s hide away and dance away”, où King est représenté avec une Goldtop. Le disque Beano, ainsi surnommé parce que Clapton y lit le magazine britannique Beano, est sorti en juillet 1966. Il a lancé les Les Paul dans un son martial grinçant qui allait définir une époque. Clapton a acheté sa Sunburst dans un état presque neuf dans un magasin à Londres. Il a dit ne plus en avoir jamais trouvée une aussi bonne. La guitare a été volée en 1966, à l’époque où il commençait les répétitions avec Cream. Elle n’a jamais été retrouvée.
L’utilisation d’une Burst par Clapton a poussé les guitaristes à se précipiter sur les guitares les plus anciennes, car ces Les Paul Standard n’avaient pas été produites depuis 1960. Clapton a joué un certain nombre de Standard dans les années qui ont suivi le vol de cette première guitare. Il a acheté la seconde en 1966 à Andy Summers, qui allait plus tard former The Police. C’est sur cette guitare qu’il a enregistré le tube de Cream “I feel free”. D’autres guitaristes célèbres des années 60 ont utilisé des Gibson Les Paul. Keith Richards en a acheté une lors de sa tournée avec les Rolling Stones aux États-Unis. Un certain Jimmy Page, jouait une Custom à trois micros. Peter Green, qui a remplacé Clapton dans les Bluesbreakers a acquis une Standard en 1965. Il a ensuite utilisé cette guitare avec succès sur les premiers disques de Fleetwood Mac. Également inspiré par Clapton, Jeff Beck a acheté une Burst en février 1966, alors qu’il jouait encore avec les Yardbirds. Vous pouvez entendre cette guitare, une ’59 selon Beck, achetée d’occasion l’été à Londres sur l’album des Yardbirds “Roger the engineer“. Beck a passé en revue quelques Standard jusqu’à l’acquisition en 1972 d’une Goldtop du début des années 50 qui avait été convertie en deux humbuckers et refaite dans une finition brune très foncée que Beck aimait appeler “Oxblood”. C’est la guitare utilisée et représentée sur l’album classique “Blow-by-blow” en 1974 (écouter ici).
La Gibson Les Paul Goldtop 1954 de Jeff Beck, avec une nouvelle finition “Oxblood”
De retour aux États-Unis, Mike Bloomfield, avec le Paul Butterfield Blues Band puis The Electric Flag, s’est également fait un nom sur une Gibson Les Paul. Bloomfield a joué très tôt sur une Telecaster, mais il est passé à une Goldtop montée en P-90 que l’on peut entendre sur l’album “East-West” du groupe. Lors de la tournée de Butterfield en Angleterre en 1966, Bloomfield a pu voir Peter Green et Eric Clapton jouer leur “humbucker equipped Burst“. Il acquiert une Burst en mai 1967 et le joue avec The Electric Flag au Monterey Pop Festival. Il dit des guitaristes présents à ce festival : “Nous jouions tous sur le même modèle de guitare.”
Billy Gibbons a également attrapé le virus sur la jaquette de l’album “Beano“. Après une première partie d’un show du Jeff Beck Group, Beck a parlé à Gibbons de son amour pour la combinaison Les Paul et Marshall. Au cours de l’été 1968, Gibbons a trouvé sa Burst qui sera plus tard appelée “Mistress Pearly Gates“. Il affirme que cette guitare est un exemple extraordinaire de la 1959 et que toutes les étoiles se sont alignées se jour-là à l’usine Gibson pour créer cette guitare si spéciale.
Billy Gibbons en concert avec sa Gibson Les Paul Standard “Pearly Gates” de 1959
En raison de toute cette demande, les prix des anciennes Les Paul ont commencé à grimper et finalement Gibson a été atteint par une vague de demande. Entre-temps, Les Paul fut très silencieux pendant ces premières années du blues rock. Il sortit l’album “Now!” en 1967. Cette sortie a coïncidé avec un nouveau contrat entre Les et Gibson au début de leur réédition des guitares Les Paul. Gibson a décidé de ressortir deux modèles rares : la Les Paul Custom en noir à deux micros ainsi que la Goldtop en P-90 et un chevalet Tune-O-Matic. Les deux modèles ont été présentés au salon NAMM en 1968. Les Paul lui-même s’est présenté au salon pour jouer sur ces nouvelles guitares. Gibson déclara à cette époque : “OK, vous gagnez, nous sommes heureux d’annoncer que d’autres Gibson Les Paul originales sont disponibles. Faites la queue chez votre revendeur Gibson !” La première série de 500 guitares – 400 Goldtop et 100 Custom – fut livrée en même temps que le salon NAMM de 1968. Au fur et à mesure que les commandes affluent, la production de Gibson passe à 100 Les Paul par jour. Le seul mystère est de savoir pourquoi Gibson avait décidé de proposer la version P-90 au lieu des guitares “humbucker”, beaucoup plus recherchées.
L’abum “Now!” de Les Paul (1967) et la réédition de la Gibson Les Paul Goldtop avec micros P-90 (à droite)
Le tournant délicat des années 1970 pour la Gibson Les Paul
CMI a été rachetée en 1969 par une autre société, Norlin Industries. Ce nom est né de la combinaison du nom des deux présidents de la société, Norton Stevens et Maurice Berlin. Les employés de Gibson de l’époque se souviennent de ce changement comme d’un passage d’une époque à une autre. Celle des outils de fabrication d’instruments, du bois, des limes et des machines laissait à place à celle des règles et calculatrices pour résoudre tout problème.
La réduction des coûts a été la motivation première de cette nouvelle ère. Comme on pouvait s’y attendre, cela a entraîné des problèmes de qualité dans les guitares à partir de 1974. Les changements apportés aux modèles de guitares étaient davantage motivés par le profit que par les exigences des musiciens. Les Gibson Les Paul des années 70 sont généralement considérées comme plus lourdes que celles d’avant ou d’après. Cela est dû à deux facteurs : tout d’abord, l’Acajou que Norlin achetait à l’époque était beaucoup plus lourd que celui acheté précédemment, probablement par souci d’économie.
Plus tard, la construction du corps a été modifiée, passant du traditionnel table en Érable sur corps en Acajou – ou tout l’Acajou – à un sandwich de deux couches d’Acajou avec une fine couche d’Érable entre les deux. On disait qu’il était conçu pour renforcer le corps, mais cela permettait aussi à Norlin d’acheter des pièces d’Acajou plus fines et malgré tout pouvoir continuer à l’utiliser pour les corps de guitare. Il est possible de voir cette fine couche d’Érable dans le corps d’une Les Paul de la fin des années 70. Il y avait des problèmes au niveau des joints de bois des pièces en sandwich et les guitaristes et les revendeurs se plaignaient. Finalement, le surcoût de fabrication pour corriger ce phénomène a entraîné l’abandon du sandwich.
Gibson Les Paul des années 70 avec le collage d’une couche d’Érable entre deux morceaux d’Acajou
Toujours vers 1969, Gibson est passé d’un manche traditionnel en une pièce à un manche en trois pièces en Acajou. Et en 1975, à un manche en Érable en trois parties. Ces deux mesures visaient à augmenter la résistance du manche. En 69, Gibson a également ajouté une volute à l’arrière du manche, là où il rejoint la tête. Il s’agit d’un morceau de bois destiné à ajouter de la matière à cette partie connue comme étant fragile. L’angle de la tête a également été légèrement réduit. Dans l’esprit des guitaristes, tous ces changements allaient dans la mauvaise direction car ils souhaitaient la finition et les spécifications des anciennes guitares.
Manches composites(3 pièces collées) Gibson des années 1970, en Acajou (gauche), Érable (milieu). Détail de la volute entre tête et manche, introduite à cette époque (droite)
En 1969, la Gibson Les Paul Deluxe a pris la place de la Goldtop Standard. C’était une réponse à la demande des revendeurs qui souhaitaient un modèle Standard équipé d’un humbucker, de préférence dans une finition Sunburst comme celles utilisées par Clapton et Bloomfield. La Deluxe est née ainsi et l’usine devait produire une guitare “humbucking” sans recevoir d’investissement pour de nouvelles machines . Ils n’ont donc pas eu d’autre choix que d’utiliser les corps de guitare montés en P-90 et de trouver un micro humbucker qui irait dessus. Fin 1950, Gibson a transféré la production d’Epiphone – acheté en 1958 – à Kalamazoo. Epiphone fabriquait depuis longtemps des mini-micros humbucker et Gibson a pu les intégrer dans les nouvelles guitares Les Paul Deluxe.
Gibson Les Paul Deluxe produite à partir de 1968, reconnaissable à ses mini humbuckers entourés de platique blanc, logés dans des emplacements P-90.
Par ailleurs, Les Paul a repris le travail avec Gibson, et a apporté avec lui son goût pour les micros à basse impédance. Et avec le temps, il les a convaincus de proposer deux modèles : la Les Paul Professional et la Les Paul Personal avec ce type de micros. Le modèle Les Paul Personal était une copie d’une guitare de Les, qui avait subi de nombreuses modifications. La couleur acajou brun foncé des deux guitares les rendait probablement moins attrayantes que les couleurs claires et pétantes recherchées par l’époque. L’un des rares guitaristes célèbres à utiliser le modèle Professional était Terry Kath du groupe Chicago.
La “hype” s’empare des Gibson Les Paul
À la fin des années 60, la demande pour les vieilles Les Paul a continué à grimper. Robert Fripp de King Crimson a acheté une Les Paul Custom des années 50 en 1968. Jimmy Page a commencé à utiliser régulièrement sa Burst sur scène avec Led Zeppelin et la musique du groupe a été assimilée à un combo Les Paul et Marshall. Page ne s’est pas contenté de vanter sa nouvelle guitare préférée, mais aussi se réclamant comme étudiant du jeu du guitariste Les Paul. La collection de vieilles guitares a pris un véritable essor dans les années 70. Un article de Guitar Player a décrit le marché de la collection dans un numéro de 1975. L’article disait : “il y a maintenant plus de gens qui recherchent les Les Paul que n’importe quelle autre guitare électrique”, ajoutant que les guitares de 1958 à 1960 étaient de loin les plus recherchées. En 1972, Gibson a répondu à cet intérêt en sortant une édition limitée d’une Les Paul Custom 1954. Ce fut la première tentative de réédition d’une Les Paul à l’ancienne. Elle était équipée d’un micro chevalet P-90 et d’un micro Alnico à agrafes au niveau du manche. Les guitares portaient un numéro de série avec un L-E au début. L’intérêt pour l’histoire des modèles de guitare a conduit à la publication de “The guitar book” de Tom Wheelers en 1974, suivi de “Gibson Electrics” d’André Duchaussoir en 1981.
Gibson a construit une nouvelle usine en dehors de Nashville dans le but de répondre à cette demande de guitares et d’éviter les syndicats plus puissants du Michigan. Cette nouvelle usine exigeait qu’une toute nouvelle main-d’œuvre soit formée à la fabrication de guitares, et du personnel clé a été transferré de Kalamazoo pour cela. Les deux usines seraient spécialisées chacune dans un type d’instruments : Kalamazoo construit l’électrique et Nashville l’acoustique. Mais le nouveau modèle acoustique construit à Nashville a échoué lamentablement sur le marché. Ainsi la production de Les Paul a été amenée à l’usine de Nashville. Nashville avait été pensée pour produire de grandes séries, notamment pour les modèles Les Paul Custom et Les Paul Deluxe.
En 1975, Gibson a sorti “The Les Paul“. Il s’agissait d’une édition limitée avec des bois exceptionnellement précieux. Le plastique laissait place à des pièces faites à la main dans du palissandre comme le “pickup gard” les contours du micro, la plaque arrière, les boutons de tonalité et volume, etc.. Le corps – table, dos et côtés – ainsi que le manche étaient ornés d’Érable figuré. Les touches étaient faites d’incrustations exotiques en Ébène et en Palissandre. Une grande partie de ce travail “sur mesure” a été effectuée à environ 1 km de l’usine de Kalamazoo par le luthier indépendant Dick Schneider, avec son frère Donnie. Le principal luthier de l’usine Gibson qui a travaillé sur “The Les Paul” était Abe Wechter. Moins de 100 “The Les Paul” ont été fabriquées et ont été vendues pour 3 000 dollars, un prix astronomique pour une guitare neuve à l’époque. Mais pas loin de celui des anciennes Les Paul qui commençaient à se vendre sur le marché des guitares vintage.
Présentée au NAMM de 1975, la Gibson The Les Paul en série limitée
Les prémisses du Custom Shop Gibson
Au milieu des années 70, il manque toujours une Standard, finition Burst et micros humbuckers de taille normale au catalogue Gibson. Elle pouvait cependant être commandée spécialement chez Gibson. À cette époque, un revendeur de Memphis – “Strings and Things” – a commandé une série de 25 guitares avec des spécifications personnalisées, très proches de celles des Burst de la fin des années 50. Puis, en 1976, Gibson a réintroduit la Standard dans sa liste de prix à 649 $. Il s’agissait d’un modèle Sunburst avec des humbuckers pleine taille qui, cependant, ne faisaient pas encore suffisamment écho à l’original pour détourner les acheteurs de leur chasse à la vintage.
Gibson a également réédité la Les Paul Special à simple et double échancrure au milieu des années 70. En raison de la flambée des prix des Standard originales, les guitaristes avaient un réel attrait pour les Special. Le son des micros P-90 et la réactivité des guitares les rendaient attrayantes. Leslie West avait utilisé une Junior dans son groupe Mountain ; Mick Ralphs a joué une Junior dans le groupe Mott the Hoople, puis dans Bad Company plus tard. Bob Marley jouait une Gibson Les Paul Special à deux micros dans les Wailers. Les guitaristes punk de la fin des années 70 se délectaient de la brutalité des Les Paul flat top. Mick Jones des Clash et Steve Jones des Sex Pistols ont été vus en train de jouer des Les Paul Special.
Bob Marley avec les Wailers avec une Special single cut (gauche) et Steve Jones et une Special double cut (droite) (Crédits photo © Ray Stevenson/Rex Features)
En 1979, le département R&D de Gibson commence à construire des prototypes pour une nouvelle ligne de Les Paul. Il s’agira de la série Heritage. Tim Shaw a travaillé sur ce projet et explique : “Nous nous sommes poser des questions comme : quelle est la meilleure Gibson que nous ayons faite ? Est-ce qu’on la construit toujours comme ça ? Et si non pourquoi ?” Malgré la résistance de la direction, ils ont travaillé dur pour que ce projet continue. L’équipe a utilisé un modèle de 1954 pour la forme de la table et a opté pour un manche en Acajou composite en trois parties. Ils ont laissé tomber la volute et ont essayé de reproduire plus fidèlement les caractéristiques des anciens micros PAF. De l’Érable très figuré est utilisé pour les tables. Le résultat ? La nouvelle série Gibson Les Paul Heritage. Bruce Boland, alors chef de la R&D, a convaincu Norlin de mettre les guitares Heritage au catalogue. Ces guitares n’étaient pas des guitares de production de série mais plutôt répertoriées comme “Premium” et “Limited Edition“.
Gibson Les Paul Heritage
Deux modèles Heritage ont été lancés en 1980 : la Standard 80 et la Standard 80 Elite. L’Elite se distingue par sa touche en ébène, son manche d’une seule pièce et sa table en érable pommelé. En 1981, le modèle Heritage Standard Award a été ajouté à la gamme et attribué (Awarded en anglais) aux revendeurs qui avaient mis en stock ou vendu des modèles Heritage l’année précédente. La ligne Heritage n’a duré que quelques années, mais elle a été très importante pour illustrer la façon dont Gibson avait commencé à penser à la construction de guitares en utilisant sa propre histoire comme fil conducteur.
La série Les Paul Heritage avec la Standard 80 (gauche), la Standard 80 Elite (milieu)
Les prémisses du Custom Shop – le début des années 80
À cette époque, Gibson a commencé à s’éloigner de certaines caractéristiques douteuses qu’ils avaient ajoutées aux guitares de série dans les années 70. La volute a été enlevée et ils sont revenus à un manche en acajou d’une seule pièce. En 1983, il y eut une série limitée de Les Paul Standard 82, qui se distinguent des guitares Heritage par leur manche et par le fait qu’elles ont été construites à Kalamazoo.
Comme nous l’avons déjà vu, certains magasins ont commencé à commander spécialement des séries limitées de Les Paul calquées sur les modèles de la fin des années 50. Un magasin de Red Bank dans le New Jersey – Guitar Trader – a approché Gibson avec un deal : ils allaient recueillir les spécifications de ce qu’ils considéraient comme une réédition correcte d’une Standard Sunburst et Gibson utiliserait ensuite ces spécifications pour construire des guitares en fonction. Les gens chez Guitar Trader pensaient qu’ils possédaient un accord exclusif avec Gibson. En fin de compte, Gibson a aussi vendu certaines des guitares qui en ont résulté aux meilleurs revendeurs du Texas et de Californie. On estime que 53 de ces rééditions sont passées par Guitar Trader à l’époque. Guitar Trader a annoncé les nouvelles guitares en grande pompe et a même promis d’installer des micros PAF des années 50, sous réserve de leur disponibilité. Ce qui s’est traduit par une installation sur les 15 premières guitares. Ils ont sélectionné chaque table d’harmonie eux-mêmes à partir de bois de l’usine. Les guitares étaient cotées à 1 500 $ initialement, mais elles sont rapidement passées à 2 000 $. Au même moment, Guitar Trader avait une 59 originale à vendre à 7 500 $. Brad Whitford d’Aerosmith a pris livraison de l’une de ces premières guitares de la série “Guitar Trader“. L’accord ne durera que deux ans environ, mais il permettra à Kalamazoo de devenir un Custom Shop avant qu’il n’y en ait un. Leur mission : la construction de séries de 25 à 100 guitares sur mesure.
Cependant, Gibson décide de fermer l’usine de Kalamazoo en juillet 1983. Le marché des instruments de musique en général s’est effondré et la concurrence des entreprises japonaises a conquis une part croissante du marché. Bien que certains managers se soient vu offrir un poste à Nashville, le directeur de l’usine Jim Delarue, Marvin Lamb et JP Moats ont quitté Gibson, loué une partie de l’ancienne usine et créé Heritage Guitars, une entreprise qui fabrique toujours des guitares à ce jour.
En 1983, en utilisant des restes de Noyer et d’Érable figurés, l’usine de Nashville a fabriqué une guitare baptisée 1983 Special Spotlight. Il s’agissait d’une série de quelques 200 guitares, mais elle est importante, car elle a été la première à porter un logo “Custom Shop” à l’arrière de la tête de la guitare, ainsi qu’un 83 pour indiquer le numéro d’édition. Le succès des rééditions limitées a conduit Gibson à proposer des guitares de style ancien : une Standard et une Goldtop. Dans le sillage de la série Heritage et de la série “Guitar Trader”, Gibson s’efforçait désormais de faire les choses bien, avec ces nouveaux modèles basés sur le meilleur des anciennes Les Paul. Ces guitares étaient respectivement équipées en Érable ondé ou Goldtop.
Une Les Paul Special Spotlight de 1983 (gauche) et l’arrière de la tête montrant le logo “Custom Shop” pour la première fois (droite)
C’est également en 1983 que la Gibson Les Paul Studio a été introduite. Les coûts ont été réduits, en particulier en supprimant la fileterie autour du corp. La guitare fut nommée ainsi après avoir réalisé que rien n’était plus associé à Les Paul lui-même que le studio d’enregistrement. Elle figurait sur la liste des prix de l’été 1983 pour 699 $, soit 300 $ de moins que la Les Paul suivante dans la gamme. Le modèle a subi de nombreux changements, la première série de guitares avait un corps en Aulne mais un problème d’application de la finition sur l’Aulne a entraîné un retour rapide vers la combinaison habituelle Acajou et Érable. Les nouveaux corps étaient environ 3 mm plus fins que ceux des Les Paul Standard. En réduisant légèrement le poids et les coûts de production, la version avec “bindings” (fileterie du corps) est sortie en 1984 et a été produite pendant quelques années sous le nom de Studio Standard. En 1987, certaines Studio ont été fabriquées avec une touche en ébène en plus du palissandre traditionnel, en fonction de la disponibilité et du coût de revient. Les premiers modèles avaient des incrustations de touche en “points”, mais en 1990, les nacres “couronnes” typique des Les Paul étaient de nouveau utilisées.
Les Paul Studio où l’on remarque l’absence de fileterie (gauche/milieu) et une version avec touche en ébène (droite)
En 1985, Norlin Industries décide de vendre Gibson – la dernière de ses divisions d’instruments à disparaître. L’affaire fut conclue en janvier 1986 et Henry Juszkiewicz, David Berryman et Gary Zebrowski achetèrent l’ensemble des activités de Gibson pour cinq millions de dollars. Les trois hommes étaient allés ensemble à la Harvard Business School à la fin des années 70. Henry était un guitariste et avait un grand amour pour la marque Gibson. Il est devenu président et Berryman vice-président des finances et de la comptabilité. Mais les années 80 n’étaient pas une période idéale pour les guitares de forme traditionnelle et il était difficile de reprendre alors la marque de guitare historique des US. Henry s’est efforcé de rétablir la relation entre Gibson et Les Paul lui-même, en comprenant l’importance de la relation pour la société. Et juste au moment où les choses semblaient sombres à l’époque des Super Strat et des guitares en forme d’étoile, Guns N’ Roses est arrivé en 1987 avec l’album Appetite for Destruction (écouter ici pour une meilleure immersion !).
Et donc il y eut Slash.
Il s’est distingué sur scène depuis la fin des années 80 en brandissant une Les Paul, faisant de son mieux pour imiter un Jimmy Page qui aurait rencontré Joe Perry. Ironiquement, la guitare principale de Slash pour cet album était en fait une copie d’une ’59, achetée pour lui par la société de management. Le luthier Chris Darragh était l’auteur de cette replica.
Je me suis retrouvé en studio avec cette réplique de Les Paul et ce fut ma guitare principale pour le début de la première tournée de Guns N’ Roses. Plus tard, j’ai eu une autre réplique faite par quelqu’un qui s’appelait Max. J’ai eu ces deux-là en tournée pendant la première année”.
Slash
Gibson avait commencé à prendre des commandes des guitares sur mesure depuis les années 1960. Et au début des années 80, une petite unité de customisation a été lancée dans un coin de l’usine principale de Nashville. Enfin, l’actuel Custom Shop a été fondé en 1993 dans un bâtiment proche de l’usine, avec un personnel de luthiers de niveau master. Il est devenu sa propre entité au sein de l’entreprise. Au début, elle a continué à faire les mêmes commandes ponctuelles et personnalisées ainsi que des séries limitées pour les revendeurs qui voulaient les spécifications correctes de la fin des années 50 sur leurs Les Paul : une tête plus étroite, un “binding” plus fin, une profondeur correcte au niveau de la sculpture de la table, etc. Alors que les prix des Burst originales continuaient de grimper, un petit retard s’est creusé sur le marché des rééditions de ces années d’or. C’est à cette époque que l’unité “Custom, Art & Historic” est devenue une entité à part entière. C’est également à cette époque que JT Riboloff et Tom Murphy, du Custom Shop, ont obtenu le feu vert pour commencer à rassembler les cotes qui allaient entrer dans les nouvelles spécifications de rééditions. Ils ont mesuré 25 normes différentes de l’ère 58 à 60. Ils ont rapidement réalisé qu’elles étaient toutes un peu différentes. Par exemple, après avoir mesuré des guitares pendant des années, ils ont découvert que l’angle du manche variait de cinq degrés et demi à quatre degrés et ces derniers étant les plus courants. Ils ont rassemblé toutes leurs mesures et ont décidé de ce qu’ils pensaient être le meilleur de tous. Riboloff explique en substance : “on était arrivé au point où on voulait être plus une réplique qu’une réédition”.
La R&D de Gibson a construit deux prototypes et les a emmenés au NAMM en 1993 pour les exposer. Ces deux guitares ont fini par aller chez Slash et Bryan Adams. Ce principe de vouloir “répliquer” plutôt que d’imiter les guitares originales, ainsi que le fait d’avoir rassemblé des talents au sein du Custom Shop, ont été l’ouverture tant attendue. Des rééditions copient ces modèles jusque dans le moindres détail des guitares originales. Ajoutez la célèbre touche “Relic Aged” du Custom Shop aux instruments, et vous vous demanderez peut-être comment vous pouvez distinguer les rééditions des originales. Eh bien, à partir de 1993, les rééditions portent toutes un tampon dans le panneau de contrôle. R9 pour le Standard 59, R8 pour ce 58, R0 pour le 60, R2 pour le 52 etc. Ils ont également fait des rééditions basées sur les célèbres guitares de Billy Gibbons, Jimmy Page, Peter Green, Mark Knopfler, Paul Kossoff, Eric Clapton et Joe Bonamassa, entre autres.
Le reste est passé à la postérité.
Slash (gauche) et Bryan Adams (milieu) portant chacun un des prototypes issus par le Custom Shop de Gibson en 1993. A droite, un tampon dans le panneau de contrôle indiquant la provenance du Custom Shop.
[fusion_tooltip title=”Des liens vers d’autres sources en rapport avec Gibson Les Paul” placement=”top” trigger=”hover” class=”” id=””]Liens utiles[/fusion_tooltip]
“the Les Paul guitar” de Tony Bacon.
“The Gibson Les Paul, the illustrated history of the guitar that changed rock” de Dave Hunter
https://www.stars-music.fr/blog/lexique-les-paul_774.html
https://www.lespaulforum.com/slub6/article.html
Une démo sur Les Paul Standard “Guitar Trader” de 1982 : https://youtu.be/jUYktzm6VF4
Démo de 4 versions de Goldtop : https://youtu.be/v_5YJKzRqg0