La première mini-série de Favier guitars a été consacrée à un modèle emblématique d’une marque qui l’est tout autant : la Gibson Les Paul. Voici pourquoi, voici comment.
Si on doit identifier la guitare la plus célèbre de l’histoire, tout porterait à choisir la Fender Stratocaster et la Gibson Les Paul ex-aequo. Des modèles qui datent des 1950s (lire par ailleurs notre article sur l’histoire de la Les Paul), qui marque le début de l’ère des guitares électriques. Bref, les dinosaures de l’espèce, reconnaissables entre mille.
C’est ce côté légendaire qui a conduit un de nos premiers clients à vouloir son propre modèle Les Paul. Biberonné aux solos de Slash ou aux albums de Led Zeppelin, il voulait marier l’approche Favier Guitars à la Les Paul.
Cela nous a emmené à créer notre première mini-série : trois répliques de Les Paul, pas plus. Chacune dans un style et avec des caractéristiques différentes. Mais comme souvent, tout est une histoire de bois
Les Paul Endémique
Tout d’abord, celle qu’on a appelé Endémique. Elle porte le numéro #36. Son concept était simple : faire une version 100% française avec des bois … endémiques de France. Et de l’électronique made in France.
On a remplacé le combo habituel Érable/Acajou de Gibson par un duo Érable sycomore/Noyer.
Ces deux essences sont locales, mais nous avons utilisé des pièces précieuses avec des effets tridimensionnels : les “ondes”. Ces ondes étaient présentes sur les tables en érable des versions Les Paul Standard “Burst” de la fin des années 50, désormais hors de prix en collector.
On s’est permis une teinte – rarement utilisée comme finition chez nous. Un bleu foncé qui rejoint le orangé doux du poirier étuvé en passant par une teinte claire . On voulait pas faire un bleu-blanc-rouge pour ne pas tomber dans la caricature, mais on aurait bien pu ! :)
L’ébène du Gabon est traditionnellement utilisé par Gibson pour la touche. Il est remplacé ici par un vieux Poirier étuvé, une de nos rares espèces mécaniquement dures.
Comme un bon produit de l’artisanat français, cette guitare a été vendue … au Japon !
Les Paul Caroubier
La seconde guitare est un contrepied à la précédente. Cette fois, le bois utilisé est absolument unique. Il s’agit de caroubier – bois de climat méditéranéen – qui nous vient de Californie.
Le caroubier n’est à notre connaissance jamais utilisé en lutherie et propose des tons rouges naturels hallucinants. Il est plutôt rosé à la coupe mais la teinte s’intensifie avec l’action des UV et se fixe en un rouge assez profond grâce au vernis de finition.
La pièce utilisée ici est encore plus unique du fait de la présence d’ondes.
La touche est en érable moucheté et les marques
L’électronique est aussi hyper customisée avec la présence de jours dans les capots. Un fin cuir rouge et une fine grille habille de manière élégante ces ouvertures. Ces micros – à la sonorité plutôt blues – sont uniques et issus de la série 50ème anniversaire de Benedetti
Cette guitare a pu être vue par un bon 6 millions de personnes lors de la saison 10 de The Voice sur TF1. En effet, Nico Sarro – artiste de la maison Favier Guitars – l’a joué lors des auditions à l’aveugle.
Cette guitare est actuellement en Belgique auprès du client qui a déclenché la création de cette mini-série par sa demande.
Les Paul Supreme
Enfin, la Supreme. Tirée d’un modèle assez rare chez Gibson.
On a débusqué une telle pièce d’Érable sucrier pommelé qu’on a décidé de le mettre et devant et derrière ! Donc table et dos tirés de l’érable sucrier d’origine Nord américaine (Ah, les pancakes au sirop d’érable !)
Nous ne l’avons pas teinté mais laissé exprimer son beau blanc naturel.
Le manche et le corps sont en Acajou du Honduras. Pour la touche, pour contrebalancer le caractère monochrome et sans couleur de la table, nous avons de l’Olivier, qui est un bois assez similaire à l’Ébène du Gabon (classiquement utilisé) en termes de propriétés mécaniques, mais esthétiquement bien plus intéressant.
Le dos de cette Les Paul Supreme est particulièrement soigné avec une plaque cavité électronique taillée la continuité de la pièce de bois. Cette plaque tient par aimantation.
Mais ce n’est que le plus visible des détails du soin apporté à cet instrument. En effet, la fileterie mérite une belle observation.
Côté électronique, nous sommes toujours sur des Bendetti. Plus polyvalente, avec un micro manche en ‘classic’ et un ‘rock’ en position chevalet. Le son est précis, brillant et agressif en chevalet. Il devient rond et chaud en micro manche seul. La série se conclue en fanfare avec un volume sonore assez puissant pour la Supreme.
Cette mini-série nous aura fait voyager. Elle a permis à Anthony de travailler des spécificités hors du commun pour des électriques. On pense au filetage, les placages de tête arrière ou encore les trappes d’électronique. Il est for probable que cela rejaillisse sur les modèles originaux en développement.
Et last but not least, on obtient un beau bleu-blanc-rouge lorsqu’on met ces modèles l’un à côté de l’autre, tout un symbole. Même pas fait exprès ! :)